
(24hinfo)-Les travaux de la réunion constitutive du réseau africain des experts et professionnels en commande publique ont pris fin mardi 30 octobre tard dans la nuit à Lomé avec la mise en place des instances dirigeantes et l’adoption des textes. Mutualiser les expériences disponibles en matière de commande publique en vue d’impulser les réformes dans ce domaine, porter la voix de l’Afrique sur les questions liées à la commande publique et assumer un rôle central dans l’élaboration des lignes directrices et des stratégies de réformes dans le domaine de la commande publique, tels sont les objectifs assignés par le réseau.
Parler d’une même voix
A Lomé pendant deux jours, plus de 47 pays africains ont décidé de parler d’une même voix en matière de commande publique et d’assumer un rôle central dans l’élaboration des lignes directives et des stratégies de réformes dans le domaine.
Par définition, la commande publique est un terme générique relatif à l’ensemble des contrats passés par les personnes publiques pour satisfaire leurs besoins. Ces contrats peuvent ou non être soumis au code des marchés publics. Elle recouvre ainsi une notion très large englobant plusieurs formes telles que les marchés publics.
Selon le ministre de la planification du développement du Togo, Kossi Assimaïdou à l’ouverture de la rencontre, le volume en valeur des marchés publics passés annuellement en Afrique de l’ouest correspond à 50% des importations africaines. Pour cet ancien fonctionnaire du FMI, la commande publique constitue l’une des clés du développement en Afrique. ‘Les enjeux économiques correspondants sont vitaux pour l’avenir de chaque pays du continent’,a-t-il déclaré.
Ansi, se mettre en réseau au niveau africain permettra selon le premier président élu du réseau, Saer Niang, directeur général de l’ARMP-Sénégal de « travailler en synergie pour faire aboutir les réformes engagées dans les pays depuis près de 10 ans et de faire face ensemble aux défis ».
Lesquelles réformes ont pour objectif entre autres d’assainir le domaine de la commande publique, favoriser la rationalisation de l’utilisation des ressources publiques, de renforcer l’intégrité et la transparence dans les marchés publics, d’assurer un développement harmonieux de la commande publique et de soutenir les secteurs privés nationaux à conforter leur place dans les budgets de la commande publique.
Cadre d’échanges
La plateforme constituée à Lomé lors d’une réunion constitutive sera un cadre de discussions, d’échanges et de débats pour les professionnels et experts Africains de la commande publique pour mener des réflexions d’ensemble sur les problématiques communs à l’ensemble des pays, assure le bureau.
Le réseau permettra aux autorités de régulation et directions de contrôle des pays membres de mutualiser leurs efforts pour l’aboutissement des réformes engagées et celles de seconde et troisième génération à venir.
‘Nous avons toujours mis en évidence la gestion administrative des marchés publics qui a consisté à mettre en place des procédures. Ça a permis effectivement d’avoir des procédures bien huilées, performantes, qui ont mis l’accent sur la célérité dans le processus d’attribution, d’exécution et de contrôle des marchés publics, qui ont permis d’avoir moins de contentieux dans les marchés publics et quand il en a, d’avoir des instances pour les résoudre donc les premières réformes ont porté sur des institutions qui avaient la charge du contrôle des marchés publics’, a expliqué à 24heureinfo.com M. Niang.
En revanche, elles (réformes) n’ont épargné des contestations sur la forme notamment les lourdeurs et les pesanteurs.
« Certains y ont vu de l’efficacité et de la célérité, d’autres ont vu des lacunes. Mais dans tous les cas aujourd’hui nous avons senti qu’il y a la nécessité d’aller plus de l’avant », a soutenu M. Niang.
Les chantiers du bureau
Premier : la dématérialisation des procédures. Le monde est en train d’évoluer dans la digitalisation et aucun secteur ne peut y rester en marge. Pour le premier bureau du réseau, la dématérialisation des procédures, de passation, d’attribution et d’exécution des marchés publics est devenue l’une des éléments fondamentaux et ce sera l’un des défis que le réseau se propose de saisir et de résoudre dans son processus de mise en place et d’organisation.
Deuxième : le partenariat PPP et le marché public. Il s’agira pour le bureau de s’attaquer lors de son mandat d’un an à comment organiser le partenariat public-privé (PPP) dans l’exécution des marchés publics.
‘Dans le cadre de ce partenariat, nous allons approfondir les réflexions sur l’organisation méthodique des PPP, parce que ces acteurs privés qui frappent à nos portes arrivent avec des ressources , proposent également des projets mais ne sont pas de philanthropes, ils le font également pour leur intérêt et dans ce mécanisme de contractualisation, il y a une distribution des risques. Dans ce sens, il faut que les pays aient suffisamment de compétences intellectuelles pour nous permettre de pouvoir gérer ces risques en amont afin d’avoir des contrats équilibrés’, a confié le patron du réseau.
Autre chantier : professionnalisation du secteur des marchés publics. Aujourd’hui les marchés publics ne sont plus des affaires d’amateurs, ils revient aux professionnels, c’est devenu un métier. Ceci appelle les pays à ne
pas faire cavalier seul mais à aller en réseau pour justement partager les expériences, apprendre des uns et des autres et d’envisager des solutions permettant de rendre les institutions de régulation plus performantes dans l’accompagnement des Etats dans le domaine de la commande publique.
Pour l’occasion le directeur de l’ARMP-Sénégal a remercié ses collègues qui l’ont fait président et leur a donné rendez-vous à Dakar au mois d’octobre 2019 pour le Forum de haut niveau sur la commande publique.
Pour sa part, et à sa qualité de président du comité d’organisation, le directeur de l’ARMP Togo, Réné Kapou a salué la forte mobilisation des acteurs, professionnels de la commande publique dans le cadre de la mise en place du réseau.