Lors d’une réunion mardi à New York sur les liens entre le changement climatique et les défis de la consolidation de la paix au Sahel, des hauts responsables des Nations Unies ont appelé la communauté internationale à aider cette région à faire face au changement climatique avec des mesures efficaces d’atténuation et d’adaptation.
Le Sahel est confronté à une grande insécurité et à des violences. Quelque 4,9 millions de personnes ont dû fuir leurs domiciles cette année et 24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, a noté la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Inga Rhonda King, lors d’une réunion conjointe de l’ECOSOC et de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) consacrée à cette région de l’Afrique de l’Ouest.
La détérioration constante de la situation résulte de causes sous-jacentes comme la pauvreté, l’exclusion socioéconomique et les privations, le manque d’accès aux services sociaux de base et les inégalités. L’absence d’opportunités socioéconomiques, le chômage croissant, la mauvaise gestion des ressources naturelles et la faible gouvernance ont aussi un impact désastreux.
Selon la Présidente de l’ECOSOC, la région est également l’une des régions au monde les plus écologiquement dégradée. Alors que le Sahel dépend largement de l’agriculture, il est régulièrement frappé par la sécheresse et des inondations qui ont des conséquences énormes sur la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, quelque 33 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et 4,7 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë.
Avec une croissance démographique estimée à 2,8% par an dans un environnement où les ressources naturelles s’amenuisent, y compris la terre et l’eau, le Sahel peut voir ses vulnérabilités s’accentuer à cause du changement climatique, avec le risque de nouveaux conflits et d’autres migrations forcées. Cette situation exige notre attention soutenue, a insisté Inga Rhonda King.
Le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), Ion Jinga, a également estimé que le Sahel a besoin plus que jamais d’une action coordonnée de la part de la communauté internationale.
L’ECOSOC et la CCP « ont les moyens d’aider la région à identifier des mesures efficaces d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique pour le Sahel tout en construisant et maintenant la paix », a insisté M. Jinga.
Lundi, lors d’une autre réunion de la CCP sur le Sahel, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed, a également appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits et des crises dans cette région, citant en particulier le changement climatique.
Selon elle, l’objectif de l’ONU est de changer le discours autour du Sahel et de transformer les défis en opportunités. « Les partenariats avec les gouvernements, les institutions régionales et internationales, le G5 Sahel, les communautés et le secteur privé seront essentiels pour stimuler les investissements et créer des opportunités économiques », a-t-elle dit.
Elle a rappelé que le Sahel offre d’énormes possibilités. « C’est la région la plus jeune du monde ; elle dispose d’abondantes ressources naturelles ; elle a un grand potentiel pour les énergies renouvelables ; et un riche héritage culturel », a-t-elle souligné.
Selon elle, les femmes et les jeunes doivent être au centre de tous les efforts pour mettre en œuvre le Programme 2030 et le Programme 2063 de l’Union africaine. « Le Sahel ne peut continuer à se priver des contributions de plus de la moitié de sa population si nous voulons voir de réels progrès », a-t-elle dit.