La militante tanzanienne, Rebeca Gyumi ; l’avocate pakistanaise, Asma Jahangir (à titre posthume) ; l’activiste brésilienne, Joênia Wapichana (officiellement Joênia Batista de Carvalho) et l’ONG irlandaise Front Line Defenders sont les nouveaux lauréats de ce prix remis à des individus et à des organisations en reconnaissance de leur travail exceptionnel dans le domaine des droits de l’homme.
Rebeca Z. Gyumi a fondé et dirige Msichana Initiative, une organisation de la société civile tanzanienne qui vise à autonomiser les filles par l’enseignement et à relever les défis qui limitent leur droit à l’éducation. Elle travaille depuis plus de huit ans avec une organisation travaillant pour la jeunesse, en tant que personnalité de la télévision et défenseure des jeunes. Mme Gyumi a contesté la constitutionnalité des articles 13 et 17 de la loi tanzanienne de 1971 sur le mariage, qui autorisaient les filles à se marier à 14 et 15 ans avec le consentement de leurs parents ou par décision judiciaire. Elle a eu gain de cause devant la Haute Cour de Tanzanie en 2016.
Asma Jahangir (1952-2018) était la plus importante avocate des droits de l’homme au Pakistan. Pendant trois décennies, elle a défendu les droits des femmes, des enfants, des minorités religieuses et des pauvres. Ayant fondé le premier centre d’aide juridique au Pakistan en 1986, Mme Jahangir s’est engagée courageusement dans des affaires très complexes. Elle a été menacée, agressée en public et placée en résidence surveillée pour avoir défendu les droits humains. Elle fut la première femme élue présidente de l’Association du barreau de la Cour suprême du Pakistan, cofondatrice et première présidente de la Commission des droits de l’homme du Pakistan. Mme Jahangir a également été Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, arbitraires ou sommaires, puis Rapporteure spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, puis Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran.
Militante pour les droits des communautés autochtones, Joênia Wapichana, est la première femme avocate autochtone du Brésil et membre de la tribu Wapichana dans le nord du pays. Après avoir saisi la Commission interaméricaine des droits de l’homme au sujet d’un conflit foncier, Mme Wapichana est devenue la première avocate autochtone à comparaître devant la Cour suprême du Brésil. En 2013, elle a été nommée première présidente de la Commission nationale de défense des droits des peuples autochtones.
Front Line Defenders est une organisation défendant et œuvrant pour la protection des défenseurs des droits de l’homme. Egalement connu sous le nom de Fondation internationale pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, l’organisation a été fondée à Dublin, en Irlande, en 2001, dans le but de protéger les défenseurs des droits de l’homme en danger. L’organisation s’efforce de répondre aux besoins de protection identifiés par les défenseurs eux-mêmes et de leur permettre de poursuivre leur travail sans risque de harcèlement, d’intimidation ou d’arrestation.
Le Prix des droits de l’homme de l’ONU est l’occasion de reconnaître publiquement le travail des lauréats et d’envoyer un message clair aux défenseurs des droits de l’homme du monde entier : la communauté internationale leur est reconnaissante et soutient leurs efforts pour promouvoir tous les droits de l’homme pour tous. Parmi les lauréats précédents figuraient Eleanor Roosevelt, Martin Luther King, Nelson Mandela, Jimmy Carter, Denis Mukwege, Malala Yusafzai, Amnesty International et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Créé par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1966, le prix a été décerné pour la première fois en 1968 à l’occasion du 20e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), intitulé Journée des droits de l’homme, le 10 décembre.
La cérémonie de remise du prix 2018 aura lieu au siège des Nations Unies à New York en décembre 2018, dans le cadre des activités de commémoration de la Journée des droits de l’homme.