Société

4e Lac de Lomé : une infrastructure sous la menace de l’incivisme

(24hinfo)-Inauguré le 31 mai 2018 par le Président de la République Faure Gnassingbé, le 4e Lac est situé dans le quartier Akodessewa, côté ouest du carrefour dit ‘Zoro Bar’. Il a apporté soulagement et espoirs à près de 300 000 personnes vivant autour du système lagunaire. Elles sont moins angoissées d’être envahies par l’eau pendant les périodes de pluies. Et pour preuve, entre juin et août, période généralement pluviale, les quartiers couverts par le lac et environnants n’ont pas connu d’inondations comme par le passé. L’inquiétude, c’est la gestion qui est faite de l’ouvrage pour sa pérennité si l’on sait que la dernière réalisation d’un ouvrage d’envergure de ce type dans le paysage urbain de Lomé date en effet de près de 40 ans. Enquête!

Bâti sur une superficie de 26 ha, pour un volume de 780. 000 m3, le 4ème lac est un ensemble d’infrastructures réalisées par les entreprises EIFFAGE GC et GER. Les travaux entrepris sur une durée de deux ans ont concerné l’aménagement du lac, la construction des canaux de décharge d’un total de 8. 114 mètres en plus des réseaux de drainage des quartiers périphériques soit 28,3 km de caniveaux allant d’AkodessewaKpota, à AkodessewaKponou, Kanyikope, Adamavo, Adakpamé, Kagomé et Baguida.

Mais 04 mois après son inauguration, le spectacle qu’offre l’imposant site du 4è lac est désolant : déchets plastiques nageant sur l’eau et jonchant les alentours, les caniveaux, les collecteurs d’eau aux couleurs verdâtres…. ce qui n’empêche cependant pas des jeunes de pêcher.

Dans les périmètres du lac, une femme a élu domicile sous un parasol pour proposer du jus de fruits et du « pure water » aux passants. Elle ne dispose cependant pas de poubelles pour recueillir les sachets plastiques. Conséquence : jetés à même le sol, ceux-ci migrent vers le lac une fois leur contenu vidé. Elle se justifie : « il revient aux gestionnaires du lac de mettre des poubelles tout au long de l’infrastructure pour permettre aux riverains d’y jeter leurs déchets. »
De fait, la question du responsable de la gestion du 4è lac se pose.

Qui de la Mairie, du Ministère de l’Eau ou de l’Urbanisme ou encore des Comités de Développement des Quartiers ( CDQ) notamment d’Anfamé, d’Adakpamé, d’Adakpamé-Dangbuipé ou d’Akodesséwa en a la gestion ?

Pour le président du CDQ Anfamé, M. Geoffroy Avouletey , la gestion est communautaire. ‘L’ouvrage est dans notre quartier et il nous revient d’en prendre soin’, dit-il, soulignant que la gestion devrait se faire par quatre comités de développement des quartiers directement touchés et cités plus haut avec des limites précises suivant la délimitation administrative. Cependant, depuis son inauguration, l’ouvrage n’a pas encore été cédé à ces communautés. Aussi, c’est la mairie qui le gère directement et provisoirement avec le Ministère de l’Urbanisme. Ce que confirme l’un des présidents de CDQ : « toutes les réclamations sont adressées à la mairie de Lomé. Ce qui ne devrait pas être le cas » nous explique –t-il avec cette précision : « au moment de l’élaboration du projet, nous n’étions certes pas associés. Mais pendant les 24 mois de réalisation, nous étions dans le comité d’exécution. Nous avons suivi de bout en bout les travaux, mais nous étions restés sur notre soif, sur nos inquiétudes ». S’il se réjouit de l’ouvrage « parce que cela permettra de mettre fin aux inondations ou de les réduire, d’amener les touristes dans le quartier », il assure cependant que « beaucoup de chose restent à faire et à parfaire »

Des grincements de dents et inquiétudes des CDQ

Le site abritant le 4e lac était un ancien dépotoir public. Il était également une voie d’accès aux quartiers, notamment d’Anfamé à Akodessewa et à Zoro-Bar… Aujourd’hui, ces accès ont disparu. Comme alternative, les CDQ avaient proposé un pont sur le lac. Sans succès.

Une autre demande : la construction de toilettes publiques. « Le site était un dépotoir et servait de toilettes pour les riverains. Avec le 4è lac, on les en a privé. N’eût été notre vigilance et les séances de sensibilisation, le lac aurait pu être transformé en toilettes publiques » raconte Latahoho, un jeune du quartier, très actif dans les initiatives menées par les CDQ. La solution selon M. Avouletey est de construire des WC publics au nombre de 4 autour du lac. « Cela éviterait que les populations fassent leurs besoins autour du lac ou dans les plastiques, et de les jeter ensuite dans l’eau ; polluant ainsi l’environnement et tout le reste », indique-t-il.
Il y a également l’installation d’une clôture. Construit au cœur de plusieurs quartiers, le lac a causé à ce jour la mort de 8 personnes par noyade. « On aurait pu éviter ces décès si une clôture avait été érigée autour du lac », se plaint une riveraine. « Il faut que la mairie pense à cela pour éviter des morts gratuites dans notre quartier », ajoute ce père de famille dont l’un des cousins a aussi trouvé la mort dans le lac.

Pour les CDQ, cette question doit trouver une réponse urgente afin d’éviter le pire dans l’avenir. « Nous voulons que cela soit vite réalisé. La clôture du lac est une urgence pour nous. Nous insisterons toujours sur ça » souligne le président du CDQ Anfamé qui mène avec ses lieutenants chaque deux semaines et le premier samedi du mois, des activités de salubrité autour du lac. « Nous menons ces activités sur notre limite, parfois au-delà. Mais dès que les gens passent, ils laissent les déchets partout et le site redevient sale. J’ai aussi des jeunes qui veillent à la propriété mais je pense que nous devons renforcer la sensibilisation parce que nous rencontrons des résistances au quotidien » regrette-t-il.
Les CDQ demandent par ailleurs l’installation de poubelles publiques tout au long du lac ainsi qu’une campagne de sensibilisation, à travers le porte-à-porte et les médias, afin que les ordures et déchets ne soient plus jetés dans le lac, aux alentours ou dans les caniveaux.

Charles Djade/ Focus 211

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