Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Atcholi Aklesso, secrétaire exécutif du parti Union pour la République (Unir, qui a succédé en 2012 au Rassemblement du peuple togolais, RPT) explique les enjeux des législatives et des régionales pour le pays et le parti.
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Jeune Afrique : Quel est l’enjeu des élections législatives du 20 avril pour votre parti ?
Il s’agit bien évidemment d’enregistrer une victoire électorale qui renforce notre nombre de sièges au Parlement, afin de permettre au président de notre formation politique [Faure Essozimna Gnassingbé] de poursuivre la mise en œuvre de son projet de société, de maintenir la stabilité politique du pays et de renforcer nos acquis démocratiques.
L’Assemblée nationale togolaise a modifié une loi organique portant de 91 à 113 le nombre de députés. Pourquoi l’Unir a-t-elle soutenu cette réforme ? Que change-t-elle pour votre parti ?
Cette modification est le fruit d’un dialogue consensuel au sein du Cadre permanent de concertation [CPC]. En outre, c’est une modification nécessaire, qui permet de renforcer la représentation nationale des populations, de consolider la démocratie, ainsi que l’État de droit dans notre pays.
Les élections régionales, qui doivent se tenir elles aussi le 20 avril, revêtent un caractère inédit, puisque ce sont les premières organisées au Togo. Que représente cette échéance pour vous ?
Ces élections régionales sont une opportunité pour notre pays de renforcer la démocratie locale et le développement à la base. Une occasion de parachever le processus de décentralisation enclenché depuis quelques années et de s’acheminer vers l’organisation des élections sénatoriales.
Ces élections législatives et régionales devaient initialement se tenir en 2023, avant d’être décalées. Où en sont les préparatifs ?
À notre connaissance, les préparatifs de ce double scrutin se passent bien. En l’état actuel du processus, un nouveau fichier électoral fiable est disponible, et les partis politiques participent activement à cette phase préliminaire à travers le Cadre permanent de concertation. La Ceni [Commission électorale nationale indépendante] est également à pied d’œuvre pour veiller aux modalités nécessaires au bon déroulement du double scrutin.
L’opposition annonce son intention de participer, alors qu’elle avait largement boycotté les législatives en 2018. Que cela change-t-il pour votre parti ?
En 2018, l’opposition dans son ensemble n’avait pas boycotté les élections. Quelques partis politiques ont décidé de ne pas y présenter de candidats et le regrettent encore aujourd’hui. En outre, ces élections avaient vu la participation de partis tels que l’UFC [Union des forces de changement, de Gilchrist Olympio, 7 sièges], le NET [Nouvel engagement togolais, de Gerry Taama, 2 élus], le MRC [Mouvement des républicains centristes, 1] et le PDP [Parti des démocrates panafricains, 1]. Ces partis de l’opposition siègent au sein de l’Assemblée nationale actuelle.
Nous en profitons pour saluer la décision de ces forces politiques républicaines issues de l’opposition, qui ont pris conscience que les absents ont toujours tort et que, dans un système démocratique, la vocation de tout parti politique est d’aller à la compétition électorale pour mesurer son poids politique et peser sur la gestion de la cité.
Pour nous, être confrontés à des adversaires en matière électorale est un atout parce que c’est le moment de nous jauger nous-mêmes et de mesurer la confiance que le peuple place en nous. Cette participation de la classe politique d’opposition n’est pas une nouveauté pour notre parti, puisque après les législatives de 2018, il y a eu deux élections majeures dans notre pays, les élections municipales [en 2019] et présidentielle [en 2020, auxquelles elle a participé]. Et notre parti, l’Unir, a remporté ces consultations avec des victoires écrasantes et sans appel.
À l’heure où les Togolais s’apprêtent à élire pour la première fois leurs conseillers régionaux, la répartition des missions entre les collectivités locales et les différents échelons de l’administration publique est-elle assez claire pour éviter les conflits de compétences ?
Le législateur a clarifié les missions et compétences de chaque collectivité territoriale. Ainsi, le conseil régional peut engager des actions complémentaires à celles de l’État, des communes et des établissements publics situés dans la région, dans les domaines et les conditions fixés par les lois qui déterminent la répartition des compétences entre l’État, les régions, les communes et les districts autonomes.
Les moyens financiers alloués par l’État aux communes vous semblent-ils suffisants ?
L’État accompagne chaque année financièrement les communes à travers le Fonds d’appui aux collectivités territoriales [Fact], qui est un mécanisme national de transfert de ressources de l’État aux collectivités territoriales.
De 2020 à 2023, il a été alloué aux communes une enveloppe de plus de 23 milliards de F CFA [plus de 35 millions d’euros]. En plus de ce mécanisme de financement, l’État intervient ponctuellement pour apporter des appuis nécessaires aux collectivités territoriales, notamment dans certains domaines tels que l’assurance maladie ou le transport de déchets.
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