En réalité, nul ne sait ce qu’il adviendra. La seule certitude est… l’incertitude. Comment, alors, se préparer aux emplois qui n’existent pas encore ?
Commençons par ce que nous savons. Le problème le plus critique pour l’avenir du travail, et qui se pose depuis plusieurs décennies, est le grand nombre de personnes vivant au jour le jour d’un emploi occasionnel, sans savoir d’une semaine sur l’autre si elles travailleront. Ces travailleurs ne peuvent pas faire des projets pour l’avenir à un horizon de plusieurs mois — encore moins de plusieurs années — pour assurer une vie meilleure à leurs enfants. C’est ce que l’on appelle l’économie informelle. Mais comme souvent avec ces termes pseudo-techniques qui érigent des barrières, il est difficile d’imaginer toute la misère à laquelle sont condamnés des millions de travailleurs et les membres de leur famille, dans le monde entier.
Le travail informel est un moyen de survie, et rien d’autre. Des tireurs de pousse-pousse dans les rues de Dacca aux vendeurs ambulants de fruits à Nairobi, l’économie informelle est omniprésente. Le taux d’emploi informel est supérieur à 70 % en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, et à 50 % en Amérique latine. En Côte d’Ivoire et au Népal, il dépasse les 90 %. Comme le montre le graphique ci-dessous, que j’ai extrait de la version préliminaire du Rapport sur le développement dans le monde 2019 (a), le travail informel est plus répandu dans les pays à faible revenu que dans ceux à revenu plus élevé.