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Donald Trump a l’enregistrement du meurtre de Khashoggi, mais ne veut pas l’écouter

Le président des Etats-Unis Donald Trump a affirmé qu’il disposait de l’enregistrement du meurtre de Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul début octobre, mais qu’il ne souhaitait pas l’écouter car son contenu est « très violent ».

Le locataire de la Maison Blanche a une nouvelle fois refusé de se prononcer sur l’éventuelle responsabilité dans cet assassinat du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, 33 ans, mettant en avant les dénégations de ce dernier.

Vendredi 16 novembre, depuis la Californie, Trump a assuré qu’un « rapport complet » sur ce dossier lui serait remis dans les jours à venir. « Nous avons l’enregistrement, je ne veux pas l’écouter (…) car c’est un enregistrement de souffrance », a-t-il déclaré dans un entretien à Fox News diffusé ce dimanche 18 novembre. « J’ai été intégralement briefé, il n’y aucune raison pour que je l’écoute », a-t-il poursuivi. « Je sais exactement ce qui s’est passé (…) c’était très violent, très brutal et horrible ».

Le fils du roi Salmane incriminé
Réfugié aux Etats-Unis après être tombé en disgrâce à Ryad, Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre par des agents saoudiens dans le consulat de son pays à Istanbul. Cette affaire au retentissement mondial a considérablement terni l’image du royaume sunnite, allié historique de Washington et premier exportateur mondial de pétrole.

L’Arabie saoudite a, à plusieurs reprises, changé sa version officielle sur ce qui était arrivé au journaliste une fois franchie la porte du consulat. Mi-novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé avoir partagé, notamment avec Ryad, Washington, Paris et Berlin, des enregistrements réalisés dans le consulat au moment du meurtre.

Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois affirmé que l’ordre de tuer Jamal Khashoggi avait été donné « aux plus hauts niveaux de l’Etat » saoudien. Il a écarté la responsabilité du roi Salmane, mais la presse et des responsables turcs anonymes ont incriminé son fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane, surnommé « MBS ».

L’Arabie Saoudite, un « allié précieux »
Selon le Washington Post et le New York Times, la CIA a conclu que « MBS » avait commandité l’assassinat de Jamal Khashoggi. Le département d’Etat a assuré samedi que les Etats-Unis n’avaient, à ce stade, abouti à aucune « conclusion définitive » sur les responsabilités dans ce meurtre.

Le prince, qui conteste toute implication, « vous a-t-il menti », a demandé le journaliste de Fox News au président des Etats-Unis? « Je ne sais pas. Qui peut véritablement savoir? », a répondu Trump. « Il m’a dit qu’il n’avait rien à voir avec cela. Il me l’a dit peut-être cinq fois, à différentes occasions, y compris il y a quelque jours », a-t-il ajouté.
Rappelant que les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions financières ciblées contre des responsables saoudiens, il a aussi longuement insisté sur le fait que l’Arabie saoudite était un allié précieux. « Je veux rester avec un allié qui, à de nombreux égards, a été excellent », a-t-il dit. « Ils sont un allié véritablement spectaculaire en termes d’emplois et de développement économique », avait-il déjà souligné samedi. « Je suis président, je dois prendre beaucoup d’éléments en compte ».

Invité au consulat par le frère de MBS
Pour parvenir à ses conclusions, rapporte le Washington Post, la CIA s’est notamment appuyée sur un appel entre Jamal Khashoggi et le frère du puissant prince héritier, ambassadeur saoudien aux Etats-Unis.

Selon le quotidien, ce dernier, Khalid ben Salmane, a conseillé au journaliste de se rendre au consulat saoudien à Istanbul, lui assurant qu’il ne lui arriverait rien. Le Washington Post, pour lequel collaborait Jamal Khashoggi, ajoute qu’il avait passé ce coup de téléphone à la demande de son frère.

Khalid ben Salmane a très rapidement réfuté avec fermeté ces allégations. « C’est une accusation grave qui ne devrait pas être laissée à des sources anonymes », a-t-il écrit sur Twitter, assurant n’avoir jamais discuté d’un voyage en Turquie avec le journaliste.
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